Conférence du 25 janvier 2024

7 h 45 à 10 h

Hôtel de Mauroy à Troyes

Energie : quelle politique pour la France ?

par Jean-Pierre Hauet

La conférence porte sur la transition énergétique, particulièrement sur l’étroite relation entre la lutte contre le réchauffement climatique et les autres politiques publiques, notamment celles concernant le pouvoir d’achat des ménages, la réindustrialisation, la dette publique et la balance commerciale. 

Dans l’Aube, l’énergie représente une part importante de l’économie grâce à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine et à plus de 400 éoliennes. Le département accueille en outre un centre de stockage de déchets nucléaires de l’ANDRA. La transition énergétique y est en marche, notamment avec le développement de la production de biogaz. S’agissant des bornes de recharge des véhicules électriques, 250 sont déjà installées, principalement à l’initiative des communes dans le cadre du Syndicat départemental d’énergie de l’Aube (SDEA), chargé du plan départemental de déploiement des bornes de recharge.

Au niveau national, les principales sources d’énergie utilisées aujourd’hui contribuent au réchauffement climatique, ce qui rend nécessaire leur remplacement par d’autres sources n’ayant pas cet inconvénient.

Parmi les diverses sources d’énergie de remplacement, il convient de choisir celles qui ont des inconvénients les plus limités possible en ce qui concerne particulièrement le coût, l’environnement, la sécurité d’approvisionnement et la modération dans l’utilisation de ressources naturelles non renouvelables.

Afin que l’accès de l’énergie à tous soit assuré, les prix doivent rester supportables par les consommateurs, particulièrement les plus vulnérables. 

Chaque État doit avoir sa politique énergétique propre, adaptée à ses caractéristiques. Les problèmes ne sont pas les mêmes selon les niveaux d’endettement, d’activité de l’industrie ou de résultat de la balance commerciale. 

Dans notre pays, le pétrole, le gaz et le charbon, émetteurs de gaz à effet de serre, représentent encore 60 % de l’énergie consommée. Bien entendu, il est impossible d’ interdire ces énergies du jour au lendemain. Mais il faut fixer une trajectoire raisonnable de réduction progressive de ces énergies fossiles. 

La part de l’électricité d’origine nucléaire est très importante en France, sans charbon, par rapport à nombre d’autres pays, par exemple l’Allemagne, où le charbon est abondant. C’est grâce au nucléaire que notre pays est historiquement un de ceux économiquement développés émettant le moins de gaz à effet de serre.  Après avoir voulu sortir du nucléaire ou du moins en limiter la contribution, le gouvernement opte maintenant, d’une part, pour la construction de plusieurs EPR dans la suite de la centrale toujours en cours de construction à Flamanville et, d’autre part, pour l’installation de petits réacteurs (SMR), actuellement à l’étude. 

L’éolien se développe fortement, avec des disparités d’un département à l’autre. Une priorité est donnée actuellement à l’éolien off-shore. Le photovoltaïque progresse aussi. Il a la faveur des particuliers, qui sont près de 400 000 à posséder une installation individuelle de production d’électricité solaire. Éolien et photovoltaïque sont des énergies intermittentes, ce qui nécessite d’avoir des productions de remplacement pouvant démarrer rapidement, telles que des centrales hydrauliques de barrage ou des centrales à gaz. Il serait souhaitable de tirer parti, par exemple, du stockage par batterie qu’offrent les véhicules électriques.

La biomasse est déjà bien exploitée, notamment grâce à la méthanisation. Mais la nature fait que cet « or vert » se renouvelle de manière limitée chaque année. En outre, afin de remplir sa fonction de « puits de carbone », la forêt doit être utilisée avec modération, notamment en raison de la dégradation de certains arbres due au réchauffement climatique. 

L’utilisation de l’hydrogène ne produit pas de gaz à effet de serre (il n’en est pas de même, dans certains cas, de sa production), mais son coût est pour l’instant tel que cette énergie doit être subventionnée par les contribuables pour que les consommateurs paient un prix acceptable. 

D’autres nouvelles ressources énergétiques sont probablement à mobiliser, ce qui justifie qu’on intensifie la recherche scientifique et technique en ce domaine.

Il est essentiel non seulement de remplacer les énergies fossiles par des énergies n’émettant pas de gaz à effet de serre, mais aussi de réduire la consommation. Chaque utilisateur doit donc supprimer ses gaspillages et, aussi, investir pour obtenir le même service avec moins d’énergie. Les progrès actuellement réalisés en vue de réduire les consommations sont importants dans l’industrie et le tertiaire, mais restent insuffisants dans les logements. 

Enfin, il est probable que les habitants de la Terre n’arriveront pas à investir autant qu’il le faudra pour limiter suffisamment le réchauffement du climat. Il est par conséquent indispensable de se préparer dès à présent à un réchauffement plus grand que souhaité. Il convient d’en atténuer les effets préjudiciables ou de les éviter, sans oublier d’en exploiter les effets bénéfiques. L’adaptation doit ainsi porter sur de nombreux domaines : la santé, l’agriculture, la pêche, l’eau, l’urbanisme, le bâti, la forêt, le tourisme, les risques naturels… Tout cela mobilisera beaucoup de recherche et d’ingénierie.

C’est dans des termes accessibles à tous que le conférencier abordera ces divers sujets imbriqués, cela dans l’esprit du Café-éco : y voir plus clair dans les questions économiques majeures de notre époque.

Michel Lapeyre

Conférencier

Jean-Pierre Hauet est ancien élève de l’Ecole Polytechnique. En tant qu’ingénieur des mines, il a exercé différentes fonctions dans l’administration en étant notamment, après le premier choc pétrolier, adjoint au Délégué général à l’énergie de l’époque et rapporteur général de la Commission de l’énergie du Plan.

Il a passé ensuite l’essentiel de sa carrière industrielle dans les groupes Alcatel et Alstom, notamment en tant que directeur général du centre de recherches d’Alcatel-Alsthom, puis de Chief Technology Officer du groupe ALSTOM.

Il exerce actuellement des activités de conseil dans les domaines de l’énergie, des automatismes, des radiocommunications et de la cybersécurité. Il est directeur général de la société KB Crawl SAS.

Il préside le Comité scientifique de l’association Equilibre des Energies présidée par Brice Lalonde, ancien ministre de l’environnement. Il est auteur de nombreuses publications et notamment d’un ouvrage « Comprendre l’énergie- Pour une transition énergétique responsable ».

Pour accéder à sa biographie complète, cliquer ici.

Pour consulter le site de l’association Equilibre des énergies : https://www.equilibredesenergies.org

Presse

Dans son édition du 6 février 2024, L’Est-Éclair publie un compte rendu de la conférence. Il y est notamment rapporté que « Sortir des énergies fossiles est indispensable pour des raisons écologiques, économiques et stratégiques ». Cela va coûter cher. Le journal cite le conférencier : « Coincé entre une dette publique record et un taux de prélèvements élevé, l’État n’a pas vraiment les moyens de ses ambitions. Il fait donc payer le consommateur ». L’article intégral est consultable ici (gratuit pour les abonnés au journal).

Diapositives projetées pendant la conférence