Le thème de la conférence s’inscrit dans la question globale de la mobilité. Cette question se rapporte à plusieurs sujets : le réchauffement climatique, la compétitivité de l’économie, l’emploi, l’indépendance énergétique nationale, l’équilibre entre ville et campagne, la qualité de l’air.

Dans ce contexte, l’industrie automobile est actuellement au début de deux transformations majeures : le remplacement du moteur thermique par un moteur électrique ; le remplacement du conducteur par un robot.

La voiture électrique ne pollue pas l’air et n’émet pas de gaz à effet de serre (sous réserve que l’électricité ne soit pas produite à partir d’énergies fossiles). Elle n’est pas bruyante. Son fonctionnement est peu coûteux. Ses accélérations sont remarquables.

Mais il est nécessaire d’améliorer encore les performances des batteries et d’en diminuer le coût. Par ailleurs, la plupart des batteries étant actuellement produites en Asie, il faut souhaiter que cette situation ne perdure pas et que, en d’autres termes, la dépendance actuelle des pays de l’Union européenne à l’égard des pays producteurs de pétrole ne soit pas remplacée par une dépendance envers les pays producteurs de batteries.

La voiture sans conducteur semble relever de la science-fiction. Elle est pourtant amorcée aujourd’hui (dans plusieurs modèles de voitures) avec divers dispositifs d’aide à la conduite, comme la régulation de vitesse à adaptation automatique et l’aide aux manœuvres de stationnement.

Le processus sera probablement long pour que les voitures soient entièrement autonomes, autrement dit pour que tous les utilisateurs abandonnent le volant. Cet abandon sera sans doute, techniquement et psychologiquement, plus difficile que celui, en son temps, de la manivelle !

Parmi les avantages du véhicule autonome, citons le confort de ne pas conduire, la réduction des embouteillages et, en principe, l’amélioration de la sécurité (le robot n’a pas de problème d’endormissement, ni d’addiction à l’alcool ou à la drogue).

Mais chacun pourra s’inquiéter de la vulnérabilité de la voiture à des cyber-attaques, et aussi de l’énorme quantité d’énergie qu’il faudra dépenser dans les datacenters pour le fonctionnement du système. Il faudra en outre gérer la reconversion des chauffeurs de taxi, des conducteurs de camions, des moniteurs d’auto-école. Le changement concernera de même les compagnies d’assurances.

Certains regretteront le plaisir de conduire.

On voit donc qu’il y a beaucoup à faire avant que la révolution copernicienne de la voiture autonome soit achevée et que le mot « automobiliste » devienne ainsi désuet.

Dans l’immédiat, la question la plus sensible pour la France est sans doute de savoir qui produira la voiture de demain…

Michel Lapeyre

Biographie

Jean-Pierre Corniou

Partner du cabinet de conseil Sia Partners. Ancien directeur des technologies et systèmes d’information du groupe Renault. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. Ancien élève de l’École nationale d’administration.

Après avoir été directeur des systèmes d’information de grandes entreprises pendant plus de seize ans (Sollac, Usinor, Renault), à l’issue d’une carrière dans la haute fonction publique, je cherche avec avidité à comprendre les mécanismes d’innovation qui permettent la diffusion des technologies de l’information au cœur des entreprises, des foyers, des administrations. Désormais de « l’autre côté du miroir », comme directeur général-adjoint de la société Sia conseil, que je viens de rejoindre après avoir dirigé EDS Consulting Services France, je poursuis comme consultant une autre phase de mon engagement professionnel au service du développement des technologies de l’information et de la connaissance (TIC) comme levier de transformation des processus de travail et des comportements. Mais au-delà des TIC, il est clair que la « globalisation numérique » pose de redoutables problèmes que nous devons aborder lucidement.
A travers la pratique professionnelle, les conférences et l’enseignement, l’écriture, l’engagement associatif (j’ai été président du Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises (CIGREF) entre 2000 et 2006), je mène en parallèle une réflexion sur la transformation des organisations à travers les technologies de l’information et sur l’action des dirigeants confrontés aux problèmes opérationnels et stratégiques. 

Auteur, j’ai écrit en 1990, avec mon ami Nathan Hattab, « Qui a encore peur de l’informatique ? », publié chez Eyrolles ; en 2002  » La société de la connaissance » et en 2008 « La société numérique » publiés chez Hermés Lavoisier. « La société de la connaissance » est disponible en anglais depuis janvier 2006 sous le titre « Looking back and going forward in IT », ISTE Ltd. J’ai publié chez Dunod un ouvrage sur l’impact d’internet sur les différents rouages de la société « Le Web 15 ans déjà ! Et après ? ».

Je collabore régulièrement à plusieurs publications professionnelles et enseigne au mastère en systèmes d’information HEC/Mines, de même qu’à l’Université de Paris-Dauphine, où je suis professeur associé, et à l’École de management des systèmes d’information (EMSI) de Grenoble École de Management.

Jean-Pierre Corniou